Grand honneur pour l’école Sainte Marie : la visite du Père Pedro de Madagascar !
Le Père Pedro arrive parmi les enfants qui l’attendent avec impatience. Les adultes présents sortent leurs appareils photos, mais le Père Pedro ne s’en préoccupe pas. Il allume lui-même son appareil en marche pour photographier les enfants et l’équipe qui l’accueille ; c’est ce souvenir de la rencontre qui compte pour lui.
Après des échanges de regards et de sourires silencieux, la célébration commence. Les enfants de l’école, l’équipe éducative, et les parents présents se mettent à chanter et danser. Les voix, d’abord timides, s’élèvent avec enthousiasme ! On récite le « Notre Père » et on chante « Je vous salue Marie » avant de laisser la parole au Père Pedro.
Jovial et tout sourire, il se présente et raconte son quotidien à Madagascar avec les enfants :
« Les enfants sont ma force. Lorsque je suis très occupé, en train de rédiger un courrier important… si un seul enfant m’appelle, je laisse immédiatement cette tâche pour répondre à l’enfant. 11 500 enfants sont chez nous.
« Les enfants vont à l’école. Souvent, à cause des fumées étouffantes et aveuglantes venues de la déchetterie voisine, l’école doit être interrompue, et tout le monde se met à l’abri jusqu’à la dissipation des fumées. Depuis de nombreuses années, il a été demandé aux autorités de Madagascar de déplacer cette décharge, mais rien n’a changé. Beaucoup ont encore faim, mangent sur la décharge et attrapent des maladies, certains en meurent par intoxication.
Il y a peu de temps, une petite fille de 3 ans a été abandonnée dans la rue. Une maman d’Akamasoa et son époux lui ont donné un billet. La maman n’a pas dormi de la nuit, pensant à cet enfant finalement laissée seule. Au petit matin, elle est retournée à l’endroit où elle avait laissé la petite fille qui était toujours là, tapie. Elle l’a ramenée au village et, rapidement on l’a transportée au presbytère pour un séjour d’un mois. La petite fille a été réhydratée et nourrie. Sauvée, elle a rejoint les autres enfants d’Akamasoa. Pas un seul sourire au début, mais maintenant, elle sourit !
Les familles dorment entassées, jusqu’à 20 personnes dans un espace de 4 m². Mais 100 logements par an sont construits à Akamasoa grâce aux dons récoltés lors des conférences que je donne à l’étranger et aux dons envoyés par des particuliers. Il faut environ 3 mois pour construire une habitation modeste. Les hommes du village se mettent à l’œuvre, bien que certains soient fainéants alors que les femmes travaillent toujours. Elles cassent des pierres pour en faire du gravier pour 1 euros par jour seulement. Les hommes fainéants se cachent quand ils me croisent mais je ne manque pas de leur faire remarquer que je les ai vus. Comme ce jeune homme de 18 ans, avec ses grands cheveux sales, à qui j’ai dit : « Que veux-tu prouver avec ces cheveux longs, quel message veux-tu faire passer ? » Le lendemain, le jeune homme avait coupé ses cheveux courts. Je l’ai félicité, lui disant qu’il était beau.
Les enfants d’Akamasoa ne mangent que deux fois par jour (le midi et le soir) : du riz, parfois accompagné de haricots ou de blettes. Pas un seul ne se plaint des petites quantités, ils connaissent la valeur du partage équitable. Ils n’ont pas de jeux, mais leur énergie et leur imagination ne manquent pas, c’est extraordinaire.
Le Père Pedro rappelle qu’il ne faut pas jeter le pain, qu’on ne doit pas gaspiller la nourriture, alors que tant d’enfants et d’adultes dans le monde ne mangent pas à leur faim.
Paroles et questions des enfants de l’école au Père Pedro :
- « Moi je ne jette pas la nourriture, je la donne à mon chien. »
- « Moi, j’ai plein de cadeaux à la maison. »
Question d’enfant :
- « Est-ce qu’il y a de l’électricité dans ton village ? »
Réponse du Père Pedro :
« Oui, mais elle est très rare, il y a quelques panneaux solaires, mais juste assez pour faire marcher de faibles ampoules. »
Question d’enfant :
- « Est-ce qu’on les aide pour manger et pour boire ? »
Réponse du Père Pedro :
- « Oui, et c’est pour cela que je fais des conférences, pour récolter le plus d’argent possible pour apporter nourriture, soins et habitation au village. L’eau est précieuse, il n’y a pas d’eau potable dans le village, il faut aller la chercher loin.»
Question d’enfant :
- « Pourquoi es-tu allé à Madagascar ? »
Réponse du Père Pedro :
- « J’étais prêtre en Argentine. Une lettre arriva, demandant des volontaires pour aider les Malagacy, j’ai répondu oui. Je suis parti en pleurant, quittant ma famille. Les habitants vivaient sur une décharge, nous avons construit un village au fil des années ».
Question d’enfant :
- « Tu as quel âge ? »
Réponse du Père Pedro :
- « J’ai 41 ans. »
Les adultes sourient, Père Pedro explique :
« Je dis que j’ai 41 ans car c’est l’âge auquel je suis arrivé à Madagascar. J’ai en réalité 76 ans. »
Question d’enfant :
- « Tu retournes souvent en Argentine voir ta famille ? »
Réponse du Père Pedro :
« Non, depuis 10 ans je n’en ai pas eu l’occasion, mais bientôt, j’espère y aller. »
Question d’enfant :
- « Est-ce qu’il y a du travail ? »
Réponse du Père Pedro :
- « Oui, les montagnes de granite permettent de faire du gravier. Les pierres très lourdes sont portées et cassées à la main. Les travailleurs gagnent 1 euro par jour, et à Madagascar, tout est plus cher qu’en France. »
Question d’enfant :
- « Tu dis la messe aussi ? »
Réponse du Père Pedro :
- « Oui, bien sûr et je prie le Saint Esprit pour pouvoir tenir sans m’évanouir devant 10 000 personnes présentes tous les dimanches. Tout le monde écoute dans le silence puis danse et chante. Les habitants ne disent pas « on va à la messe » mais : « on va à la fête ».
Après un bel échange, le pouce levé par Père Pedro approuvant les questions, les enfants viennent lui offrir un livre confectionné en classe pour lui et les enfants de Madagascar.
Dans ce livret grandeur oblige, ils ont écrit des messages, dessiné des autoportraits, des bâtiments de l’école et leur intérieur, ainsi que leurs jeux favoris. Les plus petits ont apposé l’empreinte de leurs mains. Et, après le livret, vient l’offrande d’un chèque de 889 euros, récolte du bol de riz 2024.
Déjà, trop tôt, l’heure du départ approche, le Père Pedro ne doit pas manquer son train en départ via Marseille où il est attendu pour une conférence. Spontanément, les enfants se jettent dans ses bras, le touchent, attrapent ses mains, et le visage du Père Pedro illumine les lieux.
Pour finir, Père Pedro dédicace son livre pour l’ensemble de l’école.
*Akamasoa signifie en Malgache : les bons amis